Boulevard De La Mort
BOULEVARD DE LA MORTde Quentin
TARANTINO (8/10) : Boulevard De La Mort faisait partie au départ avec le Planète Terreur (sortie
prévue en septembre) de son ami Robert Rodriguez (Sin City) d’un seul et même
film rendant hommage au cinéma d’exploitation (Série B, Z ou cinéma Bis) qui a
fait le bonheur des cinémas doubles programmes ou grindhouse (titre original du
film) dans les 60’s, 70’s. A la suite de l’échec du film au box office
Américain, les infâmes producteurs, les Weinstein brothers, ont décidé de
sortir le film à l’international en deux
parties, perdant au passage l’esprit d’origine. C’est d’autant plus regrettable
que les deux films étaient liés par de fausses bandes annonces complètement
déjantés réalisées par Rob Zombie (Devil’s Reject), Edgar Wright (Shaun of the
Dead), Elie Roth (Hostel) et Robert Rodriguez (Une Nuit en Enfer). Reste donc
maintenant deux films complètement indépendant plus un troisième, tiré d’une
des bandes annonces et qui sortira directement en DVD.
A partir d’un script
timbre poste, un serial killer à la bagnole traque des bimbos, Tarantino fait
des merveilles. En pur geek il se régale à nous faire partager sa passion pour
le genre. Il s’en donne à cœur joie dans la référence et dans l’hommage
(Point Limite Zéro, Duel, Russ Meyer…), mais s’amuse aussi avec le concept de départ,
mélangeant les genres et les styles. Tout y passe, road movies, road killers
and revange, plans racoleurs sur les formes généreuses de ses actrices,
violence gratuite, image granuleuse, rayée, abîmée, coupes intempestives et
changements de plans brutaux. Il joue aussi sur les changements radicaux de ton
et de genre, coupant son film en deux parties vraiment distinctes, identiques
au départ mais diamétralement opposées par la suite. Le seul acteur commun à
ces deux parties est le génial Kurt Russell. Le voir à nouveau dans un film de
genre, en serial killer de la route, fait vraiment plaisir. Malgré tout cela, ça
reste du Tarantino pur jus. C’est toujours aussi bavard (certain trouveront
même trop), bourré d’humour, inventif niveau mise en scène, et la musique
tellement géniale et omniprésente quelle en devient presque un personnage. Il
pousse même son fétichisme des pieds féminins à son paroxysme. Tarantino s’en
sort à merveille avec cet exercice de style et tout n’est que prétexte à nous
amener aux deux scènes monstrueuses du film, le crash et la poursuite de
bagnoles. Le premier est totalement dément, filmé sous tous les angles mais
surtout du point de vue des différentes victimes. A vous dégoûter de monter
dans une voiture, tant le choc est d’une violence inouïe. A ne pas en douter, il
fera date dans l'histoire du cinéma. La seconde, une poursuite infernale,
hallucinante tant elle est filmée à l'ancienne sans SFX avec de vrais acteurs
et cascadeurs. Le film vaut essentiellement pour ces deux morceaux de bravoure
mais aussi pour le talent avec lequel Tarantino nous rend attachantes toutes ses
actrices qu'il prend un malin plaisir à malmener mais qui font, en définitive,
de Boulevard De La Mort
un film profondément féminin. Tarantino cinéaste cinéphile réussit une fois de
plus à nous étonner en magnifiant cet univers de contre-culture, rejetant tout
cynisme et clamant son amour pour ce cinéma de genre, souvent décrié car
pouvant tout se permettre sans limite, mais qui mérite le respect tant il a été
transgressif, contestataire, et source d'inspiration et d'innovation.