Mel le barbare
APOCALYPTO de Mel GIBSON
(9/10)
Mad Mel est de retour et
il n’est pas content.
Après une Passion du Christ contestée et contestable, Mel Gibson nous revient en tant que réalisateur avec un film furieux, violant, viscéral, sanglant et sans concession. Un film barbare comme on en voit très peu dans sa vie. Amateurs de films hardcores , réjouissez-vous , ce film est fait pour vous, les autres, ceux qui aiment les films propres, gentils et lisses, passez votre chemin car vous n’allez voir que gore et violence gratuite.
Le grand Mel n’a d’égal de génie que sa mégalomanie. Jugez plutôt : Faire un film de 40 M de dollars tourné en langue maya, sur les mayas et sans aucune vedette, fallait être sacrément gonflé.
Patte de jaguar est un jeune indien qui vit paisiblement dans sa tribu au beau milieu de la jungle. Toute cette communauté semblait vivre idéalement et en harmonie avec la nature, jusqu’au jour où des guerriers mayas les attaquent et rasent littéralement le village, faisant prisonniers les hommes, violant et tuant les femmes, et abandonnant les enfants. Tel est le point de départ de ce film qui, sous couvert d’une grande aventure épique, nous propose une réflexion sur notre civilisation et la nature humaine. Le film est composé de deux parties distinctes : la capture et le périple de ces captifs à travers la jungle jusqu'à la citée maya, la deuxième partie étant une véritable chasse à l’homme.
Mel ouvre son film avec une citation : « Une civilisation ne peut être conquise de l’extérieur que si elle se détruit de l’intérieur ». Une phrase lourde de sens. Ainsi, Gibson nous met face à la décadence et la violence de cette civilisation maya et par là même nous renvoie à notre propre civilisation. Il abordera ainsi les thèmes de la perte et de la perversion des valeurs, de la religion, de la destruction de la nature, et de la noirceur et de l’avidité de la nature humaine.
Vont défiler sous nos yeux des scènes d’une violence inouïe, certes, mais certainement pas gratuites. En effet, Patte de jaguar est capturé lui et sa tribu pour être offert en sacrifice aux dieux mayas. Il est le symbole de la pureté et la citée maya celui de la corruption. Le voyage jusqu'à cette ville sera accompagné de tortures et humiliations dévoilant ainsi la cruauté des hommes et leur désir de domination. La vision de cette citée totalement dantesque contraste avec le village de Patte de jaguar, ainsi nature et joie de vivre font place à désolation (abatage d’arbres), esclavage et maladie. La religion, et non pas la foi, en prend elle aussi pour son grade : les captifs sont sacrifiés par des prêtres complètement hystériques devant une foule en liesse. Rarement des sacrifices auront été montré de façon aussi cru et réaliste. La manipulation et le fanatisme religieux sont devenus les moteurs d’un pouvoir qui ne tourne plus rond. Manipulations, prédominance religieuse, invasions et pollution ne font ils pas penser à l’administration Bush ? A l’image des mayas et de notre civilisation, l’homme semble voué à sa perte. Cette apocalypse annoncée dans le titre nous est prédite par une petite fille (pureté) atteinte des stigmates d’une maladie (décadence) inconnue (sida ? vache folle ?pollution ?...) nous rappelant les maux qui rongent notre monde.
La deuxième partie est un
pur « survival » à l’image de Predator, puissant et furieux. Patte de
jaguar ayant réussit à fuir à ses bourreaux, il s’en suit une chasse à l’homme où
de gibier il va devenir chasseur. Une séquence magnifique résume à elle toute
seule la véritable nature de l’espèce humaine : blessé, il se réfugie dans
un arbre et se retrouve face à face avec un bébé panthère et sa mère, il fuit, poursuivit par l’animal et aussi par ses
chasseurs, qui, n’ayant pas vu la bête, vont s’intercaler entre elle et lui. Cette
scène fait ressortir le contraste entre l’animal, qui le poursuit pour protéger sa progéniture, et l’Homme, qui
le fait par plaisir et par vengeance. L’Homme devient un prédateur pour
lui-même. Patte de jaguar va alors se retourner contre eux et devenir à son
tour le chasseur sur son territoire mais, à l’image de la panthère, il le fait
pour se protéger, lui et sa famille. Ironie du sort, c’est l’arrivée des
conquistadors accompagnés d’un prêtre (tient, tient,…) qui le sauvera (pour
combien de temps?).
Pour Mel Gibson la nature
humaine, son sens originel, semble avoir été bafoué. Seul l’amour, la famille
et la nature peuvent nous sauver.